Optimisation de la taille des œufs de consommation : une approche multifactorielle pour répondre aux exigences du marché

Date : Juin 11, 2025
Sujet(s) : Conduite d'élevage | Nutrition
Temps de lecture : 7'
Expert : Ozgur Korkmaz

Les œufs de consommation sont une source de protéines indispensable dans de nombreux pays. Ils sont privilégiés en raison de la qualité de leurs protéines et les différentes manières dont ils peuvent être cuisinés ou préparés. Cependant, la taille d’œuf idéale varie considérablement d’un pays à l’autre. Les préférences locales jouent un rôle déterminant. Dans certains marchés, la taille influence directement le prix, ce qui affecte les décisions d’achat en fonction du budget des consommateurs.

La rentabilité de la production d’œufs repose en grande partie sur la capacité du lot de pondeuses à produire un maximum d’œufs de première qualité, en respectant les exigences du marché, notamment en termes de taille.

Les producteurs choisissent généralement la souche de leurs pondeuses selon leurs objectifs de production, en tenant compte du potentiel génétique de chaque lignée notamment le poids d’œuf. D’autres facteurs majeurs influencent également la taille des œufs tel que : le poids corporel à l’entrée en ponte, la densité d’élevage, le programme lumineux pendant la période de croissance, le stress thermique ou encore la nutrition.

Historiquement, les entreprises de sélection génétique ont orienté leur schéma de sélection sur les critères de production : nombre d’œufs, persistance, efficacité alimentaire, qualité de coquille, couleur de coquille, poids d’œufs…  Ces objectifs tiennent compte des attentes du marché et préférences des consommateurs.

La sélection intègre aussi des critères tels que la robustesse, le comportement calme et la capacité des animaux à s’adapter à des systèmes d’élevage variés, comme le plein air, qui suscite un intérêt croissant.

Depuis près de 20 ans, NOVOGEN adapte le poids des œufs de ses souches NOVOgen Brown et NOVOgen White pour répondre aux attentes du marché.

L’objectif est d’atteindre rapidement un calibre d’œuf commercialisable en début de ponte, puis de stabiliser le poids des œufs jusqu’à la fin du cycle de production Cette stratégie permet d’optimiser le poids des œufs tout en préservant la qualité de la coquille sur l’ensemble de la période de production.

NOVOGEN est en mesure d’ajuster son offre selon les demandes du marché, quelle que soit la couleur des œufs. En exemple, les performances des différentes lignées NOVOgen White sont présentées dans le Tableau 1.

Tableau 1 – Lignées NOVOgen White

* valeurs en g 1 Semaines d’âge

Les poulettes ayant un poids corporel plus élevé au début de la ponte sont généralement plus matures sur le plan physiologique. Cela se traduit par un développement supérieur du système reproducteur (ovaires et oviducte), permettant la production de jaunes plus volumineux et donc d’œufs plus gros.De plus, les poulettes plus lourdes disposent de plus grandes réserves de graisses et de muscles (E. Lacin et al., 2008 ; Muir et al., 2023 ; Jian Lu et al., 2025), leur fournissant l’énergie et les nutriments nécessaires à la production d’œufs jusqu’à au moins 33 semaines d’âge.

Dans deux études menées par A. Perez-Bonilla et al., 2012 (Tableaux 2 et 3), les poules pondeuses brunes avec un poids initial élevé ont produit des œufs plus lourds et plus de masse d’œuf, mais ont également consommé davantage d’aliments et eu un indice de consommation (IC) plus élevé entre 22-50 semaines et 24-59 semaines d’âge, respectivement.

Tableau 2 – Effet de la teneur en protéines brutes et en matières grasses de l’alimentation sur les performances productives des poules pondeuses NOVOgen Brown de différents poids corporels initiaux( A.Perez-Bonilla et al.2012)

1 Poids corporel – 2 Semaines d’âge – 3 Indice de consommation

 Tableau 3 – Effet de la concentration énergétique de l’alimentation sur les performances de production chez des poules pondeuses NOVOgen Brown différant par leur poids corporel initial et sur la qualité des œufs différant par leur poids corporel initial. ( A.Perez-Bonilla et al.2012)

1 Poids corporel – 2 Semaines d’âge – 3 Indice de consommation

C’est pourquoi, il est essentiel de garantir un poids optimal et un bon développement corporel dès les 5-6 premières semaines. Le suivi du poids des animaux dès le début permet d’adapter l’alimentation en fonction de leur croissance. Un développement correct de la capacité d’ingestion, en particulier entre 10 et 16 semaines, est indispensable pour garantir un bon apport nutritionnel au début de la ponte. Une uniformité de lot supérieure à 85 % à l’entrée en ponte permet un meilleur contrôle de la taille moyenne des œufs tout au long de la production. Enfin, une densité d’animaux trop élevée peut engendrer du stress, de la compétition alimentaire, et en conséquence augmenter la proportion de petits œufs.

Le programme lumineux influence fortement la croissance des poulettes et leurs performances. Plus la durée de lumière est longue, plus la consommation alimentaire augmente, favorisant le développement corporel et des œufs plus gros. L’âge au démarrage de la stimulation lumineuse et le poids corporel sont des paramètres clefs.

Une stimulation précoce chez des poulettes trop légères accélère l’entrée en ponte et réduit la taille moyenne des œufs. À l’inverse, une stimulation plus tardive, sur des poulettes plus lourdes, retarde la maturité et favorise une taille d’œuf plus importante.

Maintenir les poules dans leur zone de confort thermique (20–24°C) est essentiel. La ventilation et les systèmes de refroidissement doivent être utilisés efficacement. Le stress thermique réduit directement la taille des œufs, leur qualité et les performances de ponte. Selon la FAOSTAT (2010), le poids des œufs diminue de 0,4 % par degré au-dessus de 23–27°C, et de 0,8 % par degré au-delà de 27°C.

Un œuf moyen de 60 g contient :

  • 33 à 36 g de blanc,
  • 16 à 20 g de jaune,
  • 8 à 10 g de coquille.

Le blanc contient 10–11 g de protéines et 0,3 % de matières grasses, tandis que le jaune contient 17,5 % de protéines et 30 % de lipides. Avec l’âge, le poids des œufs augmente, surtout en raison de l’augmentation du rapport jaune/blanc et de la teneur en lipides.

Acide linoléique

Présent dans les huiles végétales ou animales, il fournit de l’énergie et permet de réduire la quantité totale d’aliment nécessaire. Plusieurs études montrent que l’augmentation du taux d’acide linoléique augmente la taille des œufs, en favorisant le dépôt lipidique dans le jaune.

  • Niveau recommandé : 1,1–1,3 % pour un poids minimal
  • Niveau optimal : 2–2,2 %

En fin de ponte, réduire ce taux permet de maîtriser la taille des œufs.

Protéines et acides aminés

Augmenter la teneur en protéines de 1 % accroît le poids des œufs de 1,65 % et le taux de ponte de 1,5 %. L’équilibre en acides aminés est crucial : une carence dans un seul acide aminé essentiel peut limiter la taille des œufs.

  • La méthionine, souvent limitante, a un effet direct sur la taille des œufs. Elle doit être équilibrée avec la cystine.
  • Les apports optimaux en méthionine et cystine se situent autour de 0,70–0,74 % pour les âges de 20 à 45 semaines.

Un ajustement stratégique des apports en protéines, en acide linoléique ou en acides aminés spécifiques peut permettre de maîtriser le calibre des œufs. Cependant, cette réduction est a éviter avant 45 semaines, au risque d’affecter négativement les performances de ponte.

Autres acides aminés

Les acides aminés ramifiés (BCAA), comme l’isoleucine et la valine, sont essentiels à l’immunité intestinale, aux fonctions métaboliques et à la production d’œufs.

  • Une étude de 2020 a montré qu’un ratio SID Ile: Lys de 90 % dans une ration pauvre en protéines augmente la proportion d’œufs de grande taille (56–63 g), au détriment potentiel du taux de ponte.
  • Le ratio optimal SID Ile:Lys se situe entre 82 % et 88 %.

  Tableau 4 :Pondeuses recevant un régime pauvre en protéines avec divers rapports SID Ile:Lys, de 20 à 46 semaines

20-27 S1Consommation d’aliments
(g/poule per d)
Production d’œufs
(%)
Poids de l’œuf
(g)
Masse d’œuf
(g/d)
CONTROLE9797.6a51.7a,b50.6a
SID Ile : Lys 7029594.3b51.3a,b48.6b
SID Ile : Lys 809893.8b51.5a,b48.6b
SID Ile : Lys 909695.4a,b52.1a49.9a,b
SID Ile : Lys 1009697.6a51.1b49.8a,b
P-valeur0.211< 0.0010.0040.003
1 – Semaines d’âge _ a-c Values are statistically significant ( P<0.05)_2 Standardised ileal digestible isoleucine : Lysine
28-46 S1Consommation d’aliments
(g/poule per d)
Production d’œufs
(%)
Poids de l’œuf
(g)
Masse d’œuf
(g/d)
CONTROLE114a99.2a,b58.2a57.5
SID Ile : Lys 702113a,b97.7c58.6a57.2
SID Ile : Lys 80116a98.1a,b58.0a,b57
SID Ile : Lys 90110b99.6a58.2a58
SID Ile : Lys 100111b99.1a,b57.3b56.7
P-valeur<0.001< 0.0001<0.0010.058
1 – Semaines d’âge _ a-c Values are statistically significant ( P<0.05) _ 2 Standardised ileal digestible isoleucine : Lysine

Les pondeuses utilisent 60-65 % de l’énergie de l’aliment pour leur quotidien. En système alternatif (hors-cage), elles ont besoin de plus d’énergie pour leur activité physique. En cas de déficit énergétique, les poules mobilisent les protéines comme source d’énergie, ce qui réduit la taille des œufs… À l’inverse, trop d’énergie réduit l’ingestion globale, donc la taille des œufs.

La présentation de l’aliment joue également un rôle déterminant. Une proportion excessive de particules fines (inférieures à 1 mm) dans l’aliment peut entraîner une diminution de la consommation ainsi qu’une réduction du poids des œufs. A partir de 4 semaine d’âge, il est recommandé d’appliquer la méthode du vide de mangeoire une fois par jour afin d’assurer l’ingestion de tous les éléments de la ration, y compris les particules les plus fines.

Pour garantir un poids d’œuf optimal tout au long de la période de ponte, il est recommandé de mettre en place des programmes alimentaire en plusieurs phases. Ces programmes consistent à ajuster progressivement, et de manière contrôlée, les niveaux d’énergie et d’acides aminés au fur et à mesure que la production évolue.

Dès la mise en place du lot en poussinière, la gestion de la taille des œufs est un processus dynamique. Une surveillance régulière de la croissance, du taux de ponte, du poids corporel, de la consommation d’aliment et des paramètres de qualité des œufs est essentielle. Cela permet d’ajuster la conduite du lot et la formulation des aliments de manière réactive et efficace, afin d’atteindre l’objectif de maîtriser la taille des œufs sans compromettre la production.

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