Le management de l’eau en bâtiment avicole

Date : Août 1, 2024
Sujet(s) : Biosecurité | Conduite d'élevage | Nutrition
Temps de lecture : 5'
Expert : Andrea Beneventi

L’eau est un nutriment important, car sa consommation est nettement supérieure à celle de l’aliment (environ 1,7 fois dans les climats tempérés, 3 fois ou plus parfois dans les climats tropicaux). Par conséquent, l’eau est le premier apport. L’eau doit toujours être propre, claire, fraîche, sans goût et exempte de tout contaminant. Elle constitue également un élément important du plan de biosécurité de l’exploitation en raison de son influence sur les performances des animaux. Les poules doivent avoir un accès libre à l’eau (ad libitum) tout au long de leur vie.

Le manque d’eau peut avoir un impact négatif sur l’indice de consommation. Si les animaux n’ont pas accès à l’eau, ils mangeront moins bien. Il est également important de tenir compte de l’eau gaspillée, car elle peut devenir un lieu de reproduction pour des agents pathogènes et des champignons nocifs. Elle peut également avoir un impact négatif sur la qualité de la litière, ce qui peut entraîner l’apparition de maladies et d’autres risques sanitaires. L’hygiène de l’eau doit être considérée comme faisant partie intégrante de tout programme de biosécurité. Il faut notamment procéder à des contrôles réguliers de la qualité de l’eau en se concentrant sur la mesure des sels dissous et, ce qui est peut-être plus important, de la contamination bactérienne. Les puits doivent être contrôlés plus régulièrement que l’eau du réseau.

Tableau 1 : MESURES À PRENDRE ET PARAMÈTRES ACCEPTABLES (normes U.E. ou O.M.S.)

Bonne qualitéNe pas utiliser
pH5.5 – 6.5< 4 et > 8
Dureté (mg/L)< 150> 500
Ammoniaque (mg/L)< 0.5> 0.5
Nitrites (mg/L)< 0.5> 0.5
Nitrates (mg/L)< 50> 50
Chlore (mg/L)< 250> 1 250
Sodium (mg/L)< 200> 1 000
Sulfate (mg/L)< 250> 500
Fer (mg/L)< 0.2> 1.0
Manganèse (mg/L)< 0.05> 0.4
Matière organique (mg/L)< 2> 5
H2S (mg/L)Non détectableNon détectable
SalmonelleNon détectableNon détectable
Coliformes (CFU/ml)Zéro> 50
Germe totale (CFU/ml)< 100> 100

Une analyse annuelle complète de tous les critères mentionnés ci-dessus est obligatoire. Dans les régions tropicales, il est recommandé d’effectuer une analyse complète pendant l’été et une autre pendant la saison des pluies. La dureté de l’eau doit toujours être prise en compte, car elle favorise un pH plus élevé, le dépôt de Ca ou de Mg dans les canalisations, ce qui peut entraîner un risque accru de développement de biofilms et un risque de faible débit et d’obstruction. De nombreux autres contaminants doivent être contrôlés de temps à autre, comme les métaux lourds ou les pesticides. (en particulier dans le cas des forages d’eau potable).

• Conseil 1 – Vérifier le développement du biofilm :

Dans de nombreuses régions du monde, les niveaux de solides dissous totaux (SDT) dans l’eau sont assez élevés, ce qui augmente le pH jusqu’à la limite supérieure des niveaux acceptables. Ces sels, en particulier le calcium, le fer, le manganèse ou le magnésium, peuvent former des dépôts dans les conduites d’eau, ce qui peut réduire le débit de l’eau. En outre, ils favorisent la formation d’un biofilm dans les conduits en fournissant un abri pour les bactéries. Cette colonie vivante est protégée par une accumulation de protéines filamenteuses excrétées par certaines bactéries, ce qui, avec le temps, peut également réduire le débit de l’eau dans les canalisations.

L’objectif est d’éviter tout dépôt de sels afin d’éviter le développement de ce biofilm. En se basant principalement sur le niveau de SDT de l’eau, si le niveau dépasse 1 000 ppm, il est nécessaire de mettre en place un système complet pour éliminer le plus de sel possible. Cela dépend des sels spécifiques. Parfois, il est possible de les éliminer en utilisant un récipient à gros sable, mais dans un autre cas, il est nécessaire d’ajouter un récipient à résine après le sable grossier, et dans un cas extrême, l’ajout d’un récipient à charbon après les deux récipients mentionnés ci-dessus est nécessaire pour atteindre un S.D.T acceptable. En outre, l’utilisation d’acides et le rinçage régulier des canalisations peuvent aider à maintenir la qualité.

Conseil 2 – Viser le niveau de pH optimal

Aujourd’hui, le débat sur l’acidité/alcalinité idéale de l’eau se poursuit, les opinions actuelles penchant pour une réduction du pH à des niveaux inférieurs de 4 à 5. Cette préférence est due au fait que les poussins ont un intestin immature et que la production d’acides dans le proventricule et le gésier est réduite au cours des sept à quatorze premiers jours. Des travaux expérimentaux ont montré que le pH du proventricule variait de 5,2 le premier jour à 3,5 le quinzième jour, avec une réduction linéaire entre l’éclosion et le dixième jour d’âge. De même, le pH du gésier passe de 3,5 à 3,3 entre le 1er et le 10e jour, puis se stabilise à un pH de 3,3 au 15e jour. Lors de l’acidification de l’eau, il convient de veiller à ce que la quantité d’acide utilisée soit suffisante pour atteindre le pH souhaité de 4,5 de l’eau de boisson, en particulier pour les jeunes poulettes. Dans le cas contraire, il peut en résulter soit une sur-acidification de l’eau, ce qui peut entraver la prise d’eau et endommager l’équipement, soit une sous-acidification, ce qui peut alors fournir une source d’énergie aux bactéries résidant dans la ligne d’eau.

Le pH idéal se situe entre 6,0 et 6,8, mais les poules pondeuses peuvent tolérer une fourchette plus large, avec des valeurs comprises entre 4,8 et 8,0. En fait, un pH inférieur à 5,5 peut même entraîner une amélioration des paramètres de croissance.

Un pH supérieur à 8,0 peut avoir un impact sur la consommation d’eau (goût amer), provoquer des troubles gastro-intestinaux, favoriser la croissance bactérienne, affecter l’efficacité des désinfectants (par exemple, l’activité du chlore qui fonctionne mieux entre 4,5 et 6 pH), des médicaments et des vaccins.)

Un pH inférieur à 4,0 peut nuire aux vaccins, aux médicaments, à la consommation d’eau et aux performances productives.

Conseil n° 3 – Assainissement de l’eau

Pour maintenir la qualité de l’eau, il est conseillé d’utiliser une forme d’assainissement de l’eau. La méthode la plus courante, la plus efficace et la moins chère consiste à utiliser du chlore ou du peroxyde d’hydrogène, dosé soit dans un réservoir de rétention, soit directement dans le système d’eau du bâtiment à l’aide d’une machine de dosage.

L’eau humaine est généralement chlorée à un niveau de 3 ppm au point d’entrée du bâtiment. Toutefois, lorsque l’eau atteint le dernier abreuvoir du bâtiment, ce niveau peut avoir diminué de manière significative en fonction de la propreté et de la présence éventuelle de matières organiques dans les canalisations. Il peut être conseillé d’augmenter le niveau de chloration dans les fermes à 5 ppm (25-30 ppm pour le peroxyde) pour compenser cette éventuelle perte d’efficacité. L’assainissement doit être contrôlé chaque semaine.

• Conseil 4 – Nettoyage du système d’alimentation en eau

L’accumulation de biofilm et le dépôt de sels peuvent être réduits pendant la production en rinçant régulièrement les conduites d’eau. Cette opération doit être effectuée sous une pression d’eau comprise entre 1,5 et 3,0 bars. Le rinçage des conduites d’eau doit être effectué au moins une fois par semaine, et plus souvent dans les climats chauds pour garantir de bons résultats. Cela réduira le risque que des parties du biofilm se détachent des conduites d’eau et provoquent une obstruction des vannes d’abreuvement, en particulier avec les pipettes.

Exemple de manque de propreté et de biosécurité dans une canalisation d’eau

Entre les troupeaux, il est recommandé de nettoyer l’ensemble du système d’eau, en utilisant des produits capables d’éliminer à la fois le biofilm et le calcaire présent. Cela nécessite souvent une approche à deux stratégies, avec un produit comme le peroxyde d’hydrogène pour éliminer le biofilm, et un produit acide pour éliminer le calcaire dans les régions où l’eau est dure.

• Conseil 5 – Vérifier la qualité et la contamination de l’eau

L’eau doit être testée fréquemment afin de s’assurer que sa qualité est stable et que l’équipement de dosage fonctionne correctement. De nombreux équipements automatiques assurent un bon assainissement au début du système d’eau (ou vers le milieu). Cependant, à la fin des conduites d’eau, la qualité bactériologique est souvent inférieure. Il est donc important de prélever un échantillon à l’extrémité des conduites d’eau et non au début ou au milieu du bâtiment. Pour justifier la salubrité de l’eau, il convient de la contrôler au moyen d’un test microbiologique de routine, par exemple toutes les deux semaines, ce qui permet un contrôle continu avec une marge de sécurité.

• Conseil 6 – Traitements de l’eau / additifs

De nombreux additifs, tels que des traitements thérapeutiques, des vitamines, des micro-éléments, des pré/probiotiques, des acides, des vaccins peuvent être introduits par le biais du système d’eau. Certains d’entre eux peuvent parfois créer une obstruction et bloquer les pipettes. Il est également important de tenir compte de la compatibilité entre le système d’assainissement, y compris le niveau de pH, et ces suppléments, car l’utilisation d’un probiotique contenant des bactéries vivantes et d’un système d’assainissement en même temps n’est pas une bonne idée. Après chaque traitement spécifique, il est recommandé de rincer tout le système d’eau, afin d’éliminer toutes les particules à l’intérieur des canalisations. Sinon, le risque d’accumulation et de développement d’un biofilm est accru.

• Conseil 7 – Vaccination par l’eau

La vaccination par l’eau est courante pour les poulettes pendant la période d’élevage. Suivez strictement les recommandations du fournisseur de vaccins en ce qui concerne le protocole d’administration afin de l’utiliser efficacement. Par exemple, il est souvent obligatoire d’arrêter la chloration un jour avant et un jour après l’administration du vaccin. Tenez également compte du pH et du S.T.D., car un niveau inapproprié peut affecter négativement l’efficacité de la vaccination. En cas de doute, contactez votre fournisseur de vaccins pour discuter de la qualité de l’eau requise.

L’eau est un élément essentiel pour des performances optimales. Cependant, comme l’eau peut transporter des agents pathogènes dans le poulailler, sa qualité et sa gestion sont extrêmement importantes. L’ajout d’un produit acidifiant amélioré apportera des avantages supplémentaires en termes de performances et réduira le niveau de bactéries dans l’eau. Pour garantir la meilleure qualité d’eau possible, il est essentiel de mettre en œuvre un programme d’assainissement solide, d’effectuer des tests réguliers, de vérifier la présence de biofilm dans les tuyaux et de nettoyer soigneusement les lignes entre les troupeaux. Il convient également de noter que si un être humain ne peut pas boire l’eau d’un poulailler sans problème, les poules pondeuses seront également affectées par cette eau.

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